Un turbulent silence

Entre 1975 et 1979, le régime communiste de Pol Pot, Saloth Sar de son vrai nom, écrasa et détruisit près de 2 millions de vies, sur une population cambodgienne de 6.5 millions.
A l’heure de sa chute, Phnom Penh acclama les vainqueurs comme des libérateurs mettant un terme à une guerre civile qui durait depuis 1970. 3 heures seulement après l’entrée des Khmer Rouges dans la capitale, ses habitants furent évacués. Assimilés au capitalisme et accusés d’avoir soutenu le gouvernement militaire de Lon Nol, mise en place par les Etat-Unis, tous les citadins furent forcés d’aller travailler dans les campagnes.
Dans les jours qui suivirent, les Khmer Rouges mirent en fonction la prison de sécurité de Tuol Sleng (S21) dans les bâtiments d’une école. Près de 20’000 personnes, hommes, femmes, enfants (!), accusés d’appartenir à la CIA ou au KGB, ont été torturés ici puis tués dans un champs à 15 kilomètres de là.
S21 a depuis été transformé en musée du génocide. Ce lieu d’horreur semble encore hanté par ses nombreuses victimes. Comme les Nazis, les Khmer Rouges ont méticuleusement documenté les traces de leur barbarisme. Des occidentaux figurent également parmis les victimes. Les nombreuses archives photographiques qui ont été sauvées de la destruction s’affichent sur les murs des classes transformées en cellules.
Le côté ordinaire du lieu, des bâtiments de classes, une cour intérieure où les enfants devaient s’ébattre, des arbres et quelques objets de jeux, plongent l’endroit dans une froide torpeure. Aujourd’hui, les photos des victimes et des boureaux-enfants se font face dans une sorte de ronde macabre. Les instruments de torture et des tâches de sang sont encore visibles dans différentes salles. Un turbulent silence planne sur ce lieu de mémoire. Un silence d’autant plus assourdissant que les chambres extraordinaire (CETC) mises en place avec le concours de l’ONU en 2001 pour juger les responsables de cette folie n’ont rendu qu’une condamnation à ce jour.
GB

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